Approches sensibles aux traumas

En bref

Les expériences de vie adverses potentiellement traumatiques peuvent influencer l’intensité des facteurs de risque de récidive chez les jeunes suivis en vertu de la LSJPA. Ce fait justifie l’importance de développer une sensibilité aux traumas au sein des services appliquant la LSJPA.

Pratiques cliniques

Les études réalisées ces dernières années, ont mis en lumière le fait que les jeunes contrevenants ont été, au cours de leur vie, exposés de façon significative à des traumas. De plus, en terme de gravité, ceux-ci sont plus sévères que ceux vécus par la population générale. (Ford &Courtois, 2013).

L’exposition à des expériences de vie adverses durant l’enfance peut générer différentes séquelles sur les plans de l’attachement, de la régulation émotionnelle, des cognitions, du développement neurobiologique, de la gestion des comportements, de la dissociation et du concept de soi (identité). 

LIENS ENTRE LE TRAUMA COMPLEXE, DÉLINQUANCE ET RÉCIDIVE

Lorsque que nous observons plus spécifiquement les liens entre le trauma et la délinquance, nous pouvons constater que les traumas ont une incidence marquée sur les facteurs de risques et les besoins criminogènes associés à la délinquance, car ils peuvent :

  • Façonner les schèmes de pensées et les croyances qui contribuent à la pensée criminelle, aux valeurs criminelles et même aux associations criminelles. De plus, la perception, l’attribution et la compréhension du monde et des relations peuvent être perçus comme hostiles et menaçants. Donc, ces éléments peuvent augmenter la probabilité de passage à l’acte;
  • Entraîner des changements dans la capacité de régulation des émotions, l’état d’activation et la résolution de problème;
  • Mener à des problèmes sévères et persistants d’opposition, d’impulsivité, de réactions agressives, de consommation et/ou de défiance.

De plus, il existe une influence bilatérale entre les traumas et la délinquance, et ce, par l’adoption d’un type de mode de vie pouvant comporter des dangers, ce qui risque à son tour de favoriser le risque d’être exposé à de nouveaux traumatismes.

Ce qu’il faut retenir :

  • Ce n’est pas parce qu’un jeune a vécu des traumas, qu’il commet un délit;
  • Ce n’est pas parce qu’un jeune a commis des délits, qu’il a vécu des traumas;
  • Le trauma complexe n’a pas d’impact direct sur la récidive;
  • Le trauma complexe a des impacts indéniables sur les facteurs de risque associés à la récidive (besoins criminogènes).

COMMENT INTERVENIR DE FAÇON SENSIBLE AUX TRAUMAS AVEC LES JEUNES LORS DU SUIVI DANS LA COMMUNAUTÉ ?

Lorsqu’il est question de relation d’aide auprès des jeunes contrevenants, il est essentiel de considérer la composante trauma, afin de mieux comprendre les trajectoires, les dynamiques et les comportements des jeunes, d’identifier des cibles d’intervention qui répondent à leurs besoins et afin de mieux les accompagner, en leur offrant des expériences relationnelles réparatrices.

Les approches sensibles aux traumas, suggèrent quatre volets dans le développement de pratiques axées sur le trauma:

  • Réaliser l'impact des traumas et l’importance d’offrir des opportunités de guérison;
  • Reconnaître les signes et les symptômes des traumas chez le jeune, sa famille, le personnel et les autres personnes impliquées dans le système;
  • Répondre aux besoins du jeune en intégrant pleinement les connaissances sur les traumatismes dans les politiques, les procédures et les pratiques;
  • Résister activement à réactiver de nouveaux traumatismes et tenir compte des défis importants pour établir une alliance thérapeutique avec ces clientèles (Pooles & Greaves, 2012).

Pistes d’intervention pour l’intervenant :

  • Créer un contexte de rencontre sécurisant;
  • Créer et maintenir une alliance de qualité;
  • Impliquer un adulte significatif positif dans la vie du jeune;
  • Être vigilant à l’égard de l’exposition du jeune à de la violence/menace.

Objectifs et centrations du jeune :

  • Éduquer le jeune sur le lien entre le système d’alarme et les comportements;
  • Développer la régulation émotionnelle du jeune;
  • Développer des stratégies et compétences.

À garder en tête :

  • Éviter de poser des questions relatives à la victimisation ou à des expériences de vie adverses vécues (potentiellement traumatiques);
  • Limiter la présence de « déclencheurs traumatiques »;
  • Limiter les pratiques coercitives et les contacts avec l’autorité.

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